Le polar marseillais

Publié le par Ballet Amaury

Cet article raconte l'émergence de la vague du polar marseillais, genre mis sur le devant de la scène littéraire dans les années 90. Il est rédigé sur la base d’entretiens avec des auteurs et des éditeurs de polars.

Marseille et ses romans noirs

Au début des années 90, dans le sillage de Jean-Claude Izzo et de son Fabio Montale, plusieurs écrivains marseillais de romans noirs sortent de l’anonymat littéraire. On peut citer, pèle-mêle, François Thomazeau, Philippe Carrese, ou André de Rocca.

Les médias baptisent alors cette effervescence «vague du polar marseillais».

Le sociologue Alain Guillemin identifie deux facteurs à l'éclosion de ces ouvrages : le rejet de l’extrême-droite, en pleine montée dans la région, et le refus de la mauvaise image que traîne Marseille à cette époque.

Les romanciers marseillais recrachent sur le papier des histoires sombres, tranchantes, politiques, mais de Philippe Carrèse à François Thomazeau, ils refusent de parler de style commun.

Le véritable lien tissé entre ces écrivains, c’est que leurs histoires se passent à Marseille, et que Marseille attire les histoires noires : ses ports, le vieux et l’industriel, ses grands boulevards défraîchis, ses ouvriers et ses braqueurs, ses prostituées et ses gamins qui courent derrière des ballons de poussière...

Aucune autre ville ne jongle ainsi avec les extrêmes en France, à la fois cosmopolite et «front nationaliste», pauvre dans ses tours du Nord, riche dans ses villas du Sud.

La proximité d’un milieu puissant et son histoire de ville «canaille» poussent les plumes marseillaises vers le polar : le décor des ouvrages y est déjà planté.

Aujourd'hui, les éditeurs français expliquent que les lecteurs de polars marseillais se font plus rares, et que Marseille n’est vraiment pas la ville la plus productive en nombre d’ouvrages…

Avec le temps, le côté «noir» et «politique» des polars a été remplacé par un côté plus folklorique.

La surexploitation du «parler marseillais», les lexiques marseillais, et les recettes de cuisine à la fin des livres, ont fait plonger le genre.

Mais le «polar marseillais» continue son chemin sur les pages des livres de poche...

Vue de Marseille, la ville blanche.

Publié dans Littérature

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